L’Inserm publie une expertise collective sur la réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
Publié le 10/06/2021 - Mis à jour le 19/12/2022
A la demande de la Direction générale de la Santé et de la MILDECA, l’Inserm a conduit une expertise collective visant à actualiser les connaissances scientifiques sur l’alcool, ses effets sur la santé, les niveaux et les modalités d’usage associés à sa consommation en France, ainsi que sur les stratégies de prévention efficaces. Cette expertise pluridisciplinaire, dont les résultats ont été présentés le 4 juin dernier, a été conduite par un groupe de douze chercheurs ou cliniciens dans les domaines de l’épidémiologie, la sociologie, l’économie, le marketing social, l’addictologie et la psychiatrie.
La consommation d’alcool en France concerne aujourd’hui plus de 42 millions de personnes. L’expertise fait le point sur les risques sanitaires associés aux différents niveaux de consommation. Tout en rappelant que toute consommation d’alcool est nuisible pour la santé, les travaux confirment qu’il n’existe pas d’effet protecteur des faibles consommation d’alcool.
Première cause d’hospitalisation en France, la consommation d’alcool est responsable d’une soixantaine de pathologies et de 41 000 décès par an.
Le rapport souligne que les femmes, alors qu’elles consomment moins d’alcool en moyenne, présentent une incidence de cancers attribuables similaires à celle observée chez les hommes. Les niveaux de consommation faibles à modérés contribuent largement aux nouveaux cas de cancer du sein.
De plus, la consommation d’alcool pendant la grossesse peut provoquer chez l’enfant des troubles et malformations dont la forme la plus grave est le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF), avec des conséquences (non réversibles) qui se caractérisent par des difficultés d’apprentissage, des troubles de la mémoire ou du comportement ainsi qu’une plus grande vulnérabilité au risque d’addiction au cours de la vie. Le rapport de l’Inserm confirme l’importance des messages de prévention visant à encourager l’arrêt de consommation d’alcool dès le désir de grossesse (c’est-à-dire dans la période prénatale et pré-conceptionnelle). L’enjeu est important puisque 20% des femmes reconnaissent avoir consommé de l’alcool pendant leur grossesse.
L’expertise explore également les différents facteurs de risque de la consommation d’alcool. Elle souligne en particulier que l’exposition à des contenus marketing pro-alcool, très présents sur Internet et les réseaux sociaux, augmente significativement l’envie de consommer, les quantités bues et la banalisation des alcoolisations excessives, notamment chez les jeunes.
A partir de l’étude de la littérature, l’expertise formule un ensemble de recommandations qui font consensus et combinent plusieurs types de mesures coût-efficaces, telles que la régulation de l’offre et de la prévention, les politiques de sécurité routière, la formation des professionnels de santé au repérage systématique de la consommation d’alcool chez les patients, ainsi que des mesures complémentaires et spécifiques à destination des mineurs. A ce titre, l’expertise fournit une revue détaillée des programmes de renforcement des compétences psychosociales probants en milieu scolaire, mais aussi dans les familles et en milieu de travail.
Avec le récent rapport publié par l’OCDE sur la consommation nocive d’alcool, les pouvoirs publics disposent d’un corpus de connaissances actualisées pour asseoir une politique de réduction des risques à la hauteur des enjeux sanitaires, économiques et sociaux des usages d’alcool en France.