Podcast - Pourquoi certains produits sont interdits à la vente aux mineurs ?
Publié le 18/01/2023 - Mis à jour le 13/02/2023
L’alcool, le tabac, les écrans et les jeux sont à titres divers présents dans la vie des Français. Les risques et les dommages sont clairement établis et particulièrement visibles dans nos vies. Le tabac et l’alcool tuent respectivement chaque année 75 000 et 41 000 personnes en France, c’est ce que l’on appelle des morts évitables car sans la consommation de ces produits nous pourrions éviter ces nombreux décès. A 17 ans, de nombreux jeunes ont eux aussi expérimenté ces substances. Par exemple, 15 % fument quotidiennement et plus de la moitié (52%) ont déclaré une alcoolisation ponctuelle importante dans le mois écoulé.
Delphine Scandella, chargée de mission gendarmerie à la MILDECA nous explique pourquoi certains produits sont interdits à la vente aux mineurs ?
Il convient à cet effet de protéger les jeunes car ils sont particulièrement vulnérables aux substances psychoactives
- Tout d’abord : les recherches ont montré que le cerveau des adolescents est dans une phase de maturation jusqu’à 25 ans et qu’il reste très sensible aux effets des consommations de produits psychoactifs. Cela peut donc entrainer chez eux des troubles de l’apprentissage et du comportement qui seront dommageables pour leur avenir car non réversibles.
- Les études nous apprennent aussi que plus une personne entre tôt dans les consommations de ces produits, plus elle a de chance de s’ancrer dans un mode de consommation régulier par la suite.
Nous savons que les entrées dans les consommations sont favorisées par divers facteurs tels que l’influence des pairs, la mauvaise image de soi, des environnements familiaux ou sociaux insuffisamment protecteurs ainsi que par les multiples sollicitations de la publicité.
C’est pourquoi la Mildeca définit dans ses priorités la protection des jeunes en tentant repousser l’âge de l’entrée dans les consommations et de limiter le nombre de jeunes qui y ont recours.
Les leviers pour la protection des jeunes sont nombreux et complémentaires : programmes de prévention, campagnes d’information, mais aussi limitation de l’offre par des limitations de la publicité et l’interdiction de vente aux mineurs de l’alcool, du tabac et des produits de vapotage, du protoxyde d’azote, ainsi que des jeux d’argent et de hasard.
Sachant cela, comment protéger nos enfants ?
Plusieurs catégories d’adultes ont l’obligation d’agir, soit d’un point de vue éducatif soit légalement :
- Tout d’abord les parents : les études démontrent que certaines initiations s’effectuent au sein du cercle familial, soit par encouragement du jeune au cours d’une occasion particulière (une fête d’anniversaire /au nouvel an) où on va lui faire goûter une boisson alcoolisée ; soit par reproduction des habitudes des parents à fumer ou parier en ligne par exemple. Si ces gestes sont quotidiens ou répétés par les parents, les enfants vont penser qu’ils sont non dangereux et les reproduire à leur tour pour devenir à terme des habitudes.
- Les débitants sont également au cœur du sujet, à savoir les débits de tabac, les débits de boissons à consommer sur place qu’ils soient temporaires ou permanents, ou les commerces tels que les petites, moyennes et grandes surfaces. Ils sont tenus de faire appliquer la loi et la règlementation sur les interdictions de vente aux mineurs.
Jusqu’à présent, les mineurs n’éprouvent aucune difficulté à s’approvisionner chez les débitants et commerçants. Parmi les mineurs de 17 ans ayant consommé de l’alcool au cours du mois écoulé, 91% se sont approvisionnés en magasin et environ 77% déclarent avoir consommé dans un débit de boissons. Concernant le tabac, les chiffres sont tout aussi affligeants, avec 94% des mineurs fumeurs qui achètent leurs cigarettes librement chez le buraliste. Pour ces deux produits, la majorité d’entre eux déclarent ne jamais avoir eu besoin de justifier leur âge.
Concernant les jeux d’argent et de hasard, une même tendance s’observe. S’agissant des jeux de grattage et de loterie, un audit interne conduit par La Française des Jeux indiquait que seuls un tiers des buralistes refusait de vendre un jeu à un mineur, démontrant ainsi l’insuffisance des dispositifs de contrôle puisque les mineurs accès facilement aux jeux, quel que soit le canal de distribution. La possibilité de jouer en ligne augmente également les risques problématiques liés à ces jeux. Près de 40 % des mineurs de 17 ans ont joué au moins à un JAH dans l’année.
Le non-respect des interdictions de vente aux mineurs peut entraîner des sanctions judiciaires et administratives, à savoir des peines d’amendes, une fermeture administrative pour les cafés et restaurants, ou encore des sanctions de l’autorité nationale des jeux pour les jeux d’argent et de hasard.
Ainsi, accompagner les jeunes par le respect des interdictions de vente, par la responsabilisation de tous les acteurs et le développement de programmes de prévention que vous découvrirez dans un prochain épisode permettront de mieux protéger nos enfants des conduites addictives.