Publication des résultats de la quatrième édition du Baromètre MILDECA/Harris Interactive sur les usages d’écrans et les problématiques associées

Publié le 22/07/2024 - Mis à jour le 19/08/2024

Usages des écrans par les enfants et adolescents : les Français en attente de davantage d’encadrement

Afin de mieux comprendre les usages numériques des Français de plus de 15 ans et d’identifier ceux qui pourraient s’avérer problématiques, la MILDECA a conçu avec Harris Interactive le Baromètre annuel sur les usages d’écrans. Pour sa quatrième année consécutive, l’édition 2024 propose un panorama complet de ces usages et de leurs évolutions, afin d’accompagner la conception de politiques de prévention adaptées et basées sur des indicateurs objectifs.

Les résultats de cette quatrième édition du Baromètre confirment la généralisation des usages numériques par les Français et des pratiques soutenues, notamment chez les jeunes, sans pour autant donner à voir une intensification de celles-ci ou a minima d’une moindre maitrise. Cette étude permet enfin de quantifier certains comportements potentiellement problématiques se rapprochant de conduites dites « addictives ».

Cette édition confirme la persistance d’un clivage générationnel important concernant l’usage des écrans, notamment en ce qui concerne le visionnage de contenus tout public en ligne, les jeux vidéo et la communication avec les amis et les proches, plus répandus chez les jeunes que chez les plus âgés.

Des usages stables entre 2021 et 2024 qui confirment que les pratiques numériques sont très présentes chez tous les Français, notamment chez les jeunes.

La grande majorité des Français utilisent en 2024 le numérique pour de nombreuses activités : communication personnelle (94%) ou professionnelle (86%), achat en ligne (92%), visionnage de vidéos (85%), recherche d’informations (81%), et dans une moindre mesure, les jeux vidéos (64%). 

Ces usages apparaissent globalement stables depuis 4 ans, avec toutefois un recul de la recherche d’informations via des moteurs de recherche (-6 points en un an), notamment chez les plus de 35 ans.
La proportion de joueurs de jeux d’argent et de hasard (JAH) et de jeux vidéo se stabilise après la hausse mesurée entre 2021 et 2023 (à 64% et 56%).

Les jeux vidéos demeurent la pratique la plus intense (16% plus de 4h/ jour), suivie du visionnage de vidéos (11%), une tendance stable dans le temps. 

Mais cette édition 2024 marque le recul en intensité de plusieurs pratiques : les achats en ligne (-9 points, à 9%), les jeux d’argent (-4 points à 8%) - des pratiques qui après avoir enregistrer des hausses successives au cours des trois dernières année chutent à leur plus bas niveau depuis la création de ce baromètre - et le visionnage de vidéos avec contenus interdits aux mineurs (-4 points à 4%).

Des activités en ligne qui restent différenciées selon les âges et dans une moindre mesure, selon les catégories socioprofessionnelles

A l’identique des précédentes éditions, les usages numériques se différencient dans leur intensité selon l’âge : les plus jeunes déclarent passer plus de temps à réaliser chacune de ces activités que leurs aînés. De manière moins importante, les catégories socioprofessionnelles élevées déclarent aussi des usages numériques plus fréquemment que les autres. Les variations par tranche d’âge sont encore plus importantes en ce qui concerne, les usages quotidiens intensifs (plus de 4h/jour) de jeux vidéos et de contenus vidéos tout public : ces usagers intensifs quotidiens sont deux fois plus nombreux chez les 15-24 ans que chez les autres.

Des comportements numériques qui s’imposent tout au long de la journée

  • Une large majorité d’usagers considèrent toujours, comme les années précédentes, passer plus de temps que prévu sur leurs activités numériques, et ceci de manière quotidienne pour 3 à 4 sur dix d’entre eux, notamment pour regarder des vidéos (42%), s’informer (40%) et communiquer (40%). Dans le détail, ce sont particulièrement les jeunes qui ont tendance à passer plus de temps que prévu, surtout en ce qui concerne le jeu, le visionnage de vidéos et la communication (notamment via les réseaux sociaux).
  • Près d’un sur deux déclare devoir reporter des obligations prévues en raison des activités numériques, dont près d’un quart quotidiennement en raison du visionnage de vidéos en ligne (en hausse de 4 points par rapport à 2023) et qui concerne l’ensemble des tranches d’âge (même si ce comportement reste nettement plus marqué chez les moins de 35 ans) à l’exception de 65-75 ans.
  • La moitié des personnes interrogées continue ses activités numériques (communication, visionnage, information) au moment du coucher et un tiers pendant le repas, des comportements en hausse de 2 à 4 points par rapport à 2023 et en progression tendancielle sur 4 ans. Des comportements qui demeurent plus répandus chez les plus jeunes mais qui, à l’exception de communiquer pendant le repas, tendent à diminuer alors qu’on observe un renforcement sensible de ces réflexes chez les seniors.

Des pratiques pour certaines d’entre elles dont le caractère jugé excessif se renforce sans toutefois s’accompagner d’une plus grande difficulté pour s’arrêter ou les réduire

  • Amenés à revoir leur emploi du temps et/ou pour nombre d’entre eux en raison de leurs activités numériques, à poursuivre leurs usages pendant les repas ou au moment du coucher, un quart à un tiers des usagers jugent leurs pratiques des écrans excessives. Notons que le ressenti concernant deux de ces activités (visionnage de vidéos et communication) progresse respectivement de 3 points pour atteindre les plus hauts niveaux depuis la création de ce baromètre (36% et 29%). Les plus jeunes, dont les pratiques sont aussi les plus intensives, sont nettement plus enclins que leurs aînés à juger leurs pratiques excessives notamment sur ces trois activités, avec une hausse de 6 points concernant la communication mais parallèlement une baisse concernant un éventuel usage excessif d’autres pratiques telles que les achats en ligne (-7 points), le travail en ligne (-11 points) et l’information en ligne (-4 points). 
  • Pour autant, la difficulté ressentie pour diminuer ou arrêter ses activités numériques reste globalement stable (concernant environ 1 usager sur 2). Un sentiment plus répandu au quotidien chez les plus jeunes mais qui diminue de manière significative pour l’ensemble des pratiques à l’exception des jeux en ligne. A l’inverse cette difficulté semble se renforcer sensiblement auprès des 25-34 ans.

Un ressenti émotionnel contrasté selon les activités numériques exercées

Les Français déclarent, de façon assez stable depuis 3 ans, ressentir des émotions majoritairement positives devant leurs écrans, notamment en ce qui concerne les activités de loisir pour les deux tiers des répondants. L’anxiété et le stress restent des émotions très présentes dans le cadre du travail en ligne. Néanmoins, le ressenti d’émotions négatives en général devant l’impossibilité de réaliser certaines activités en ligne est en baisse depuis 2023 (de 2 à 4 points selon les activités).

Des pratiques mêlant conduites addictives avec et sans substances relativement courantes

Il est à noter que plus d’un quart des répondants consomme plus de confiseries, sodas et snacks pendant ses activités numériques, ainsi que de tabac (12%) et d’alcool (9%). Des tendances globalement stables avec une légère progression chez les 25-34 ans de ces trois types de consommation. Enfin, si ce résultat est à appréhender avec une grande précaution, 2% à 3% des répondants déclarent consommer plus de drogues (cannabis, cocaïne, etc) durant leurs activités numériques. 

« Enfants et écrans »

L’édition 2024 consacre un volet dédié à la place des écrans auprès des enfants et des adolescents 

Les résultats font état d’attentes fortes de la part des Français s’agissant de mieux encadrer les pratiques numériques des enfants et des adolescents, et leur exposition aux écrans.

En premier lieu, une large majorité de Français (90%) se déclare favorable à l’interdiction des écrans dans les structures dédiées à la petite enfance dont 64% qui y sont même tout à fait favorables. Seuls 10% partagent une opinion contraire. Dans la même lignée, ils appellent de leurs vœux que cette interdiction se prolonge dans les écoles maternelles (88% favorables dont 57% tout à fait favorables). Dans le détail, ces aspirations sont élevées au sein de toutes les catégories de population (avec ou sans enfants) et relativement plus fortes chez les catégories aisées. 

A l’appui de cette volonté de préserver les enfants des écrans, 84% des Français seraient prêts à renoncer à l’achat d’un téléphone portable avec ou sans accès internet à un enfant avant l’âge de 11 ans, dont plus d’1 sur 2 « tout à fait prêt ». On retrouve parmi les plus fervents partisans de ce renoncement les femmes et les personnes âgées de 50 à 75 ans. 
Si les Français se montrent plus partagés lorsque le seuil d’âge est relevé à 13 ans, ils restent néanmoins majoritaires à déclarer qu’ils renonceraient à l’achat d’un téléphone portable pour leur enfant avant cet âge là : 69% (contre 30%) y seraient disposés. Un consensus partagé là encore au-delà du fait d’avoir des enfants concernés ou non. 
Dans le détail, on note que les hommes affichent sensiblement plus de réticences que les femmes sur ces questions. En outre, les 15-24 se montrent nettement plus divisés que la moyenne sur ces sujets. 

Sur la question des usages, d’importants consensus se dégagent également en faveur d’une limitation : 75% souhaitent que les usages soient fortement restreints dans les lycées (jusqu’84% chez les personnes de 35 ans et plus), 73% sont favorables à l’interdiction des réseaux sociaux aux enfants avant l’âge de 15 ans. Un consensus qui s’impose dans l’absolu, qu’on ait ou non des enfants concernés et qui traverse l’ensemble des catégories sociales.
Dans le détail, on relève quelques nuances, ces propositions étant davantage soutenues par les femmes et les 50-75 ans, mais nettement plus contestées par les 15-24 ans : 59% ne sont pas favorables à la restriction de l’usage des téléphones portables dans les lycées et 47% s’agissant à l’interdiction des réseaux sociaux aux enfants avant 15 ans. 

Enfin, l’aménagement d’espaces non connectés en milieu professionnel recueille également un plébiscite de la part des Français : 79% seraient favorables à l’aménagement d’espaces ou moments sans écrans dans le cadre professionnel. Les cadres et professions libérales se montrent un peu plus frileux (27% contre 20% en moyenne) sur ce sujet tout en s’y montrant toutefois majoritairement favorables.

Le Baromètre sur les usages d'écrans et les problématiques associées édition 2024

Les enjeux de santé liés aux usages numériques, notamment ceux dits « problématiques » sont encore assez peu documentés. Pour la quatrième année consécutive, le Baromètre propose un panorama complet de ces usages et de leurs évolutions, afin d’accompagner la conception de politiques de prévention adaptées et basées sur des indicateurs objectifs. 

La reconnaissance de ces usages (que ce soit en termes de temps passé ou d’activité effectuée) fait aujourd’hui l’objet d’un consensus scientifique. Ces conséquences peuvent se traduire par des effets délétères à plusieurs niveaux : 

  • physiologique - syndrome de l’œil sec, trouble musculo-squelettique, obésité, myopie, dégradation de la qualité du sommeil, etc. ;
  • psychologique et psychique : isolement, perte de confiance en soi, dépression, etc. ; 
  • en termes de qualité de vie : équilibre vie privée/vie professionnelle, endettement, etc. ; 
  • retard du développement cognitif de l’enfant.